Population (1999) : 2 125 246 habitants ; agglomération parisienne : 9 630 000 habitants. Superficie (Paris) : 105 km2 ; (agglomération) : 2 575 km2 (379 communes). Paris, capitale de la France, chef-lieu de la région Île-de-France, située au cœur du Bassin parisien, sur la Seine. Divisée en 20 arrondissements (depuis 1859), la commune de Paris forme à elle seule le département de la Seine et se situe au centre d’une très vaste agglomération qui rassemble les neuf dixièmes de la population d’Île-de-France. L’agglomération parisienne, qui jouit d’un grand rayonnement international, est l’une des grandes métropoles mondiales.
Historique de la ville/ dévellopement
Historique de la ville/ développement
Au xixe siècle, parallèlement à la révolution industrielle, la société française est en pleine mutation et l'urbanisation va bon train : afflux de ruraux pour travailler dans l'industrie, émergence de « classes moyennes » tels les employés ou les ouvriers spécialisés, etc. Dans le même temps, Napoléon III confie au baron Haussmann la charge de rénover Paris, pour rendre la ville plus fonctionnelle et en augmenter le prestige. Beaucoup de logements — jugés insalubres — sont détruits pour laisser place à de grands immeubles bourgeois qui se dressent sur les nouveaux boulevards. Les moins riches font les frais de ces mutations et de la spéculation à outrance qui en découle ; ils doivent alors se reloger dans les faubourgs et la banlieue.
Urbanisme et spéculation à Paris, 18 mai 1861
« L’admiration qu’inspire la merveilleuse transformation de Paris, à laquelle nous assistons depuis plusieurs années, fait place, de jour en jour, à une préoccupation profonde, à une vive inquiétude sur les fâcheuses conséquences d’une situation fatalement anormale, c’est-à-dire sur le malaise général produit par les prix excessifs auxquels les loyers se sont élevés et semblent vouloir s’élever chaque jour davantage. [L’auteur de cette brochure anonyme expose ensuite les évolutions dernières dans la capitale : flux migratoires vers Paris et politique de démolition des immeubles anciens.]
S’il est incontestable que des quartiers entiers ont disparu presque simultanément sous le marteau des démolisseurs, il est également prouvé avec la dernière évidence que les nouvelles constructions, tant sur l’emplacement des quartiers démolis que sur l’étendue considérable des terrains devenus libres par le reculement des barrières jusqu’aux fortifications, sont de beaucoup supérieures en nombre aux maisons abattues. L’infériorité numérique des nouvelles constructions sur les maisons détruites ne peut donc être considérée comme étant la cause du renchérissement excessif du loyer des petits logements.
Parmi les maisons démolies, il s’en trouvait un grand nombre divisées en petits logements, en appartements modestes donnant asile aux ouvriers, aux employés et à une foule de petites industries dont l’ensemble constitue la grande majorité de la population. Or, ces maisons ont été remplacées, même sur les points les plus éloignés et sans exception, par des édifices somptueux, surchargés à l’extérieur de sculptures inutiles, tout resplendissants à l’intérieur de glaces et de dorures fastueuses et n’offrant à tous les étages que de grands appartements splendides d’un prix inabordable, qu’expliquent d’ailleurs les sommes considérables qu’il a fallu dépenser pour les établir.
Or ces aménagements, ces dispositions sont l’œuvre exclusive de la spéculation dont les écarts sur ce point ont été, dans bien des cas, poussés jusqu’à un aveuglement en opposition avec les propres intérêts des spéculateurs… C’est donc à la spéculation seule qu’il faut attribuer la perturbation, le malaise apporté dans la partie la plus essentielle de l’économie domestique : l’asile de la famille.
Ceux qui ont eu, et qui ont, surtout en ce moment, le plus à souffrir d’un état de choses vraiment déplorable, ce sont les employés, les petits rentiers, les ouvriers, et cette multitude infinie, en un mot, de familles entières ne vivant que du produit de leur travail et formant dans Paris, malheureusement pour l’état de choses actuel, plus des trois quarts de la population. Subitement expulsés de leurs modestes demeures, ils se sont vus, et se voient obligés, chaque jour, de se réfugier — heureux encore ceux qui en trouvent — dans des réduits situés aux points les plus extrêmes de Paris, et loin de leurs affaires ou de leur travail. » Source : Urbanisme et spéculation à Paris, brochure anonyme du 18 mai 1861.
PAYSAGE URBAIN
Paris est située dans un bassin sédimentaire de faible altitude, au cœur d’une des régions agricoles les plus riches d’Europe. À l’intérieur de la ville, l’altitude augmente sensiblement depuis les rives de la Seine (25 m) jusqu’aux basses collines alentours. Le point culminant de la capitale est le sommet de la butte Montmartre (129 m). La hauteur des immeubles du centre ayant été longtemps limitée à 20 m, soit environ six étages, l’ensemble des constructions est assez homogène. À l’exception de la tour Montparnasse, les grandes tours se localisent principalement dans quelques quartiers récents des arrondissements périphériques (XIIIe, XVe, XIXe, XXe).
ARTEPHOT/A.D.P.C. Démolition de la place Saint-Germain (Paris) La modernisation de Paris a nécessité des années de travaux (1853-1869) qui ont permis à Haussman d'aérer la capitale par le percement de grandes avenues et l'aménagement de quelque 1 800 hectares d'espaces verts (squares, jardins), dont les bois de Vincennes et de Boulogne, respectivement situés à l'est et à l'ouest de Paris.
Ville dense et fortement encombrée depuis le Moyen Âge, Paris fut aérée au milieu du XIXe siècle, sur les plans du baron Georges Haussmann, par de larges avenues et des jardins. Cependant, les espaces verts y demeurent rares, comparés aux autres grandes métropoles, comme Londres ou New York. Les plus remarquables sont le jardin du Luxembourg, le jardin des Tuileries, le Jardin des Plantes (ancien Jardin des plantes médicinales, voir Muséum national d’histoire naturelle) et le parc des Buttes-Chaumont. À la périphérie de la ville se trouvent le Jardin d’Acclimatation avec son parc d’attractions pour enfants et son zoo, les lacs et le Pré Catelan du bois de Boulogne et le Parc floral du bois de Vincennes. De forme à peu près circulaire, la ville est traversée par la Seine, qui pénètre dans Paris par le sud-est, fait une boucle vers le nord et s’éloigne par le sud-ouest. C’est au milieu de ce fleuve que s’est établi le premier village, sur l’île de la Cité, celle-ci permettant de franchir aisément la rivière (site de gué) tout en assurant un refuge efficace (site de défense). L’urbanisation s’est opérée par la suite, à l’époque romaine, un peu à l’écart de la Seine, sur les hauteurs de la montagne Sainte-Geneviève (rive gauche). Elle s’est poursuivie au Moyen Âge sur la rive droite en partie marécageuse (place de Grève de l’Hôtel de Ville et quartier du Marais) et sur l’ensemble de la rive gauche (Quartier latin).
Photo Researchers, Inc./Will and Deni McIntyre Berges de la Seine Deuxième fleuve de France en terme de longueur (776 km), la Seine occupe aujourd'hui le premier rang national pour le trafic fluvial de marchandises. Outre cette fonction économique, elle a également joué un rôle considérable dans l'histoire du pays, dont elle traverse la capitale. Paris est tournée en permanence vers son fleuve, que bordent ses plus illustres monuments. La Seine y coule du sud-est au nord-ouest, partageant la ville en rive droite, au nord, et rive gauche, au sud. La distinction est nette entre les deux rives, auxquelles correspondent des univers différents. Si la rive droite abrite les principaux quartiers d'affaires (quartier de l'Opéra, Champs-Élysées), établis au cours du XIXe siècle, et de nombreux musées (Louvre, Grand Palais), elle renferme aussi des quartiers populaires et pittoresques comme Belleville ou Ménilmontant. La rive gauche, autrefois occupée par de nombreuses communautés religieuses, est le centre artistique de la ville et le cœur de la vie estudiantine (Quartier latin, Montparnasse). En outre, la Seine se divise à Paris en deux bras, autour de l'île Saint-Louis et de l'île de la Cité.
Cette progression se traduit dans le paysage urbain par les traces des enceintes successives qui ont été dressées : la muraille gallo-romaine (v. 276) autour de l’île de la Cité, l’enceinte de Philippe Auguste (1180 à 1210), le rempart de Charles V (fin du XIVe siècle), le rempart de Louis XIII (XVIe siècle), le mur des Fermiers généraux (1784-1791) et les fortifications de Thiers (1841-1845). Néanmoins, malgré l’extension et les modifications considérables de la ville depuis le Moyen Âge, Paris conserve aujourd’hui les traces des trois fonctions d’origine sur lesquelles s’organisait la cité médiévale : commerce sur la rive droite, pouvoir central dans l’île, université sur la rive gauche.
L’île de la Cité était le noyau central de la ville, siège du pouvoir royal, religieux et judiciaire. On y trouve actuellement la préfecture et le Palais de justice, la cathédrale Notre-Dame de Paris (style gothique, 1163-1345), la Sainte-Chapelle (style gothique, XIIIe siècle), la Conciergerie et l’Hôtel-Dieu, hôpital construit de 1868 à 1878 en remplacement de l’ancien Hôtel-Dieu de Paris.
Sur la rive droite, la grève était propice à l’embarquement et au débarquement des marchandises transportées sur le fleuve. C’est là que se développa la ville commerçante (ports, ruelles, marché, artisanat), et que siégèrent, dès le Moyen Âge, les différentes corporations de métiers. Nombre de rues portent encore le nom de ces anciennes activités : rue de la Ferronnerie, de la Verrerie, etc.
Au centre se trouvent le quartier des Halles (forum des Halles, église Saint-Eustache) et le plateau Beaubourg (Centre national d’art et de culture Georges-Pompidou, 1977 ; fontaine Stravinski) ; l’Hôtel de Ville et la place du Châtelet (théâtres du Châtelet et de la Ville, tour Saint-Jacques). Après l’île de la Cité, c’est l’un des quartiers les plus anciens de Paris.
Au centre-est s’étend le Marais avec ses hôtels particuliers : hôtels de Sens, de Sully, de Rohan-Soubise (Archives nationales), hôtel Salé (XVIIe) qui abrite le musée Picasso (1985) ou encore l’hôtel Carnavalet. Non loin se trouve la place des Vosges, la plus ancienne place monumentale de Paris. Elle fut créée sur ordre du roi Henri IV au début du XVIIe siècle et devint un centre d’élégance, de divertissements et de rendez-vous pour les duellistes.
Le centre-ouest est occupé par le quartier des affaires, des grands magasins et des Grands Boulevards, avec l’église Saint-Germain-l’Auxerrois, en face de la colonnade du Louvre, la place du Palais-Royal (théâtre du Palais-Royal, Comédie-Française), le Théâtre de l’Opéra, la Bourse, la place Vendôme (colonne Vendôme) et l’église de la Madeleine.
À l’est se situent les anciens quartiers ouvriers, à proximité de la place de la Bastille (colonne de Juillet, Opéra de Paris Bastille) ; la place de la République ; la place de la Nation ; le cimetière du Père-Lachaise ; les quartiers de Ménilmontant et de Belleville ; la place des Fêtes. Au sud-est, les quartiers de la gare de Lyon et de Bercy se prolongent jusqu’au bois de Vincennes (zoo, parc floral).
Ces quartiers en pleine mutation font l’objet d’importants programmes de rénovation, tout comme ceux du nord-est, autour des Buttes-Chaumont, du parc de la Villette (Cité des sciences et de l’industrie, Cité de la musique, Géode, la Grande Halle), du canal de l’Ourcq, de la place de Stalingrad (rotonde et bassin de la Villette), du canal Saint-Martin et de la gare de l’Est.
Au nord, les quartiers cosmopolites de la Chapelle, Barbès, la Goutte-d’Or, la place de Clichy ou encore Pigalle s’étendent aux pieds de la pittoresque butte Montmartre qui domine toute la ville (basilique du Sacré-Cœur, 1919 ; place du Tertre).
Au nord-ouest, ce sont les quartiers de la gare Saint-Lazare, du parc Monceau et de la porte Dauphine. L’axe historique de la capitale forme, à l’ouest, une vaste perspective, depuis la Cour carrée du Louvre jusqu’à la Défense. Il est jalonné d’artères et de monuments prestigieux : l’ancien palais royal du Louvre, transformé en musée et récemment doté d’une pyramide en verre, le jardin des Tuileries (arc de triomphe du Carrousel, Orangerie, Jeu de paume, palais des Tuileries), la place de la Concorde, conçue sous Louis XV (obélisque de Louxor, statues), l’avenue des Champs-Élysées, la place Charles-de-Gaulle avec l’Arc de Triomphe (ancienne place de l’Étoile, d’où rayonnent douze avenues), la Grande Arche. Au sud des Champs-Élysées se trouvent le Grand Palais (1897-1900 ; galeries nationales, Palais de la découverte, planétarium) et le Petit Palais (1900).
Au sud-ouest, l’esplanade du Trocadéro (palais de Chaillot, 1937) domine la Seine, à proximité des quartiers résidentiels d’Auteuil, de Passy et du bois de Boulogne.
Les quartiers de la rive gauche
La rive gauche est, encore aujourd’hui, plutôt dévolue aux activités intellectuelles, avec ses lycées, ses universités et ses maisons d’édition.
Au centre, sur les pentes de la montagne Sainte-Geneviève, on découvre le Quartier latin, avec la place et le théâtre de l’Odéon, la place et la fontaine Saint-Michel, l’université de la Sorbonne, le lycée Louis-le-Grand, les thermes et le musée de Cluny, le Collège de France, puis, plus haut sur la butte, le jardin et le palais du Luxembourg, la place du Panthéon et, en redescendant vers la Seine, les arènes de Lutèce et le quartier de Jussieu.
Au centre-ouest, le quartier de Saint-Germain-des-Prés (église de Saint-Germain-des-Prés) s’est construit autour de l’ancienne abbaye du même nom.
La place Saint-Sulpice se trouve à proximité, ainsi que l’Académie française (1635, voir Institut de France), l’École des beaux-arts, le musée d’Orsay (dans l’ancienne gare d’Orsay), le Palais-Bourbon (siège de l’Assemblée nationale) et, légèrement plus à l’ouest, l’hôtel des Invalides (tombeau de Napoléon), le musée Rodin et le Champ-de-Mars (École militaire), dominé par la tour Eiffel, construite vers la fin du XIXe siècle pour l’Exposition universelle de 1889.
Au sud-ouest les quartiers résidentiels du XVe arrondissement, Beaugrenelle et le front de Seine sont plus récents.
Au sud, au-delà de la montagne Sainte-Geneviève, s’étendent le quartier de Montparnasse (tour Montparnasse, cimetière du Montparnasse), l’hôpital du Val-de-Grâce et l’Observatoire, la place Denfert-Rochereau, le quartier d’Alésia et le parc Montsouris.
Le sud-est a vu s’édifier l’Institut du monde arabe (IMA) et, plus récemment, la bibliothèque François-Mitterrand, le nouveau site de la Bibliothèque nationale de France (quartier de Tolbiac), à proximité du Jardin des Plantes (Muséum national d’histoire naturelle) et de la gare d’Austerlitz. Un peu plus au sud, le quartier des Gobelins remonte vers la place d’Italie et au-delà vers le « quartier chinois ».
Paris et ses banlieues
L’agglomération parisienne est, aujourd’hui encore, marquée par une forte différenciation socio-économique entre l’est et l’ouest. Les « beaux quartiers » du centre et leur prolongement immédiat vers l’ouest et le sud-ouest (Neuilly, la Défense, Saint-Cloud, Rueil-Malmaison, Versailles, etc.) concentrent les activités tertiaires supérieures (quartiers d’affaires, ministères, ambassades) et les catégories sociales les plus aisées (quartiers résidentiels bourgeois, immeubles cossus, magasins de luxe). Ils s’opposent aux secteurs périphériques du nord et de l’est de la capitale, plus densément peuplés et plus populaires, correspondant aux anciens quartiers ouvriers parisiens et aux banlieues industrielles.
Dans les années 1980, une politique de restructuration et de rééquilibrage a été entreprise. À Paris, elle passe par une tertiarisation massive et par la rénovation des quartiers orientaux (multiplication des bureaux et des immeubles de standing malgré un marché immobilier en crise), ainsi que par l’implantation de nouveaux pôles de développement. C’est le cas du parc de la Villette (Cité de la musique, Cité des sciences et de l’industrie), au nord-est, et des quartiers proches de la Seine, au sud-est (Bastille, Bercy, Tolbiac), devenus le lieu privilégié des grandes réalisations d’édifices publics : Opéra de Paris Bastille, palais omnisports Paris-Bercy (POPB), ministère de l’Économie et des Finances, bibliothèque François-Mitterrand (voir Bibliothèque nationale de France). Ce rééquilibrage s’exerce aussi de manière plus large au niveau de la région Île-de-France, où plusieurs pôles d’urbanisation et d’activités ont été réalisés à partir des années 1960. Le résultat, aujourd’hui, n’est pas toujours à la hauteur des attentes.
UNE MÉTROPOLE CENTRALISATRICE
L’agglomération s’étend sur les trois départements limitrophes de la Petite Couronne, qui constituent la « proche banlieue » (Val-de-Marne, Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis), et sur une partie des départements de la Grande Couronne (Essonne, Seine-et-Marne, Val-d’Oise, Yvelines), où déborde la grande banlieue suburbaine. Située à proximité de la confluence de la Marne et de l’Oise avec la Seine, la ville a su très tôt valoriser, grâce à la triple ouverture qu’offraient ces trois vallées, une situation de carrefour de voies de communication. Paris devint, dès le Moyen Âge, le principal foyer politique, culturel, économique et commercial du pays. À la fin du XVIIIe siècle, la ville comptait environ 600 000 habitants. Aux siècles suivants, la révolution de l’industrie et des transports favorisa de façon décisive le développement de la ville. Après une croissance démographique spectaculaire due à l’exode rural et à l’afflux de main-d’œuvre étrangère, l’agglomération a enregistré une stagnation depuis le début des années 1960. Comme la plupart des grandes métropoles mondiales, Paris intra-muros perd des habitants, au profit notamment des communes de banlieue. La population parisienne a commencé à décroître dans les années 1970, et la ville a perdu 141 216 habitants entre les recensements de 1975 et de 1990. Toutefois, le phénomène semble s’atténuer (- 1,35 p. 100 par an entre 1962 et 1975 ; - 0,43 p. 100 par an entre 1975 et 1990). La densité de population est parmi les plus élevées du monde (400 habitants au kilomètre carré). Parallèlement, la grande banlieue a connu un essor démographique et spatial spectaculaire, par le biais d’une périurbanisation qui, aujourd’hui, tend à ralentir (4,8 p. 100 par an entre 1960 et 1975 ; 1,7 p. 100 par an entre 1975 et 1990). Avec 10 millions d’habitants en 1990, la métropole parisienne concentre aujourd’hui presque 20 p. 100 de la population du pays. Cela représente un écart considérable avec les autres agglomérations françaises, comme Lyon (deuxième ville de France) qui ne compte que 1 262 223 habitants (1990).
Paris est une ville très cosmopolite. Le pourcentage d’étrangers s’élève à 15 p. 100 de la population (travailleurs immigrés, étudiants, réfugiés politiques, personnels d’ambassades). La capitale associe à son poids démographique une exceptionnelle concentration de pouvoirs, de capitaux, d’équipements et d’activités, malgré la politique de décentralisation et de déconcentration industrielle menée depuis plusieurs décennies (voir Territoire, aménagement du). C’est la capitale à la fois politique, économique, culturelle et financière de la France. Elle occupe une place de premier plan dans les relations internationales.
Cette hégémonie de la capitale française est un phénomène unique en Europe. Elle résulte du choix de Paris comme capitale politique, sous Hugues Capet, à la fin du Xe siècle, renforcé par la tradition centralisatrice perpétuée par les régimes successifs (monarchie, empires, républiques). Paris demeure aujourd’hui encore le grand centre décisionnel du pays.
L’agglomération parisienne reste le plus grand marché de l’emploi en France. Les opportunités y sont plus nombreuses et le taux de chômage plus faible que dans le reste du pays. Cependant, la répartition des emplois est fortement déséquilibrée : Paris intra-muros rassemble 40 p. 100 des emplois de l’agglomération alors qu’elle ne regroupe que 23 p. 100 des habitants. Sa population active se caractérise par un niveau de qualification très élevé (40 p. 100 des cadres supérieurs français), et, à l’échelon national, Paris concentre le plus fort pourcentage de main-d’œuvre qualifiée (surreprésentation des cadres, des professions libérales, etc.).
Les activités industrielles
L’agglomération parisienne est restée le premier centre industriel de la France en dépit de la politique de désindustrialisation menée depuis les années 1960. Elle concentre encore un quart des industries du pays, pour la plupart implantées en banlieue. Les industries de biens de consommation sont nombreuses en raison de l’énorme marché que représente la population parisienne. Toutefois, après le départ d’une partie de ses industries de main-d’œuvre, l’agglomération se spécialise de plus en plus dans les activités de haute technologie, de conception et d’innovation, à forte valeur ajoutée.
Les principaux secteurs industriels sont la construction mécanique, notamment l’automobile, l’agroalimentaire, la chimie, la construction électrique, les industries de pointe, l’industrie du luxe, l’imprimerie et l’édition.
L’industrie automobile se localise sur les méandres de la Seine (Peugeot à Poissy, Renault à Flins-sur-Seine). Le siège historique de Renault, sur l’île Seguin (Boulogne-Billancourt), a été abandonné en 1992. Au nord de Paris, la Plaine-Saint-Denis est une vaste zone industrielle où s’est implantée une partie des industries chimiques et agroalimentaires. Gravement touchée par la crise des années 1970-1980, à l’origine de nombreuses friches industrielles, et gravement polluée, la Plaine-Saint-Denis est aujourd’hui en pleine restructuration.
Les activités de recherche et de haute technologie (informatique, biotechnologie, électronique, robotique) se concentrent dans l’ouest et le sud de l’agglomération parisienne. Le principal technopôle parisien, au sud de la capitale, est connu sous le nom de « Cité scientifique Sud » ; il regroupe sur plusieurs communes des universités, des grandes écoles et une dizaine de milliers d’entreprises. Les sites les plus importants sont le plateau de Saclay (École polytechnique, Commissariat à l’énergie atomique), Gif-sur-Yvette (CNRS), Orsay (université scientifique), Saint-Quentin-en-Yvelines, Évry ou encore Massy.
La capitale, quant à elle, accueille près de 3 000 établissements de plus de 20 salariés, spécialisés dans les industries du luxe (confection et haute couture, bijouterie, joaillerie), qui contribuent à sa renommée, ou dans les activités à caractère culturel. L’industrie de l’édition y est particulièrement importante : 80 p. 100 des maisons d’édition sont installées à Paris. L’emploi industriel ne cesse de diminuer dans la capitale, la politique gouvernementale visant à décourager, notamment par de lourdes taxes, de nouvelles implantations industrielles dans l’agglomération. Celle-ci conserve néanmoins un fort pouvoir d’attraction, notamment sur les entreprises étrangères.
Le secteur tertiaire
Les activités tertiaires sont prédominantes et emploient 80 p. 100 des actifs. Paris est un grand centre d’affaires et de décision national et international. Capitale politique, c’est le siège du gouvernement, des ministères, des grandes administrations, des ambassades étrangères et de plusieurs organismes internationaux (Unesco, OCDE). Capitale économique, Paris détient, dans ce domaine, une grande partie du pouvoir décisionnel. Les trois quarts des 500 plus grandes entreprises françaises y ont leur siège social, et une grande partie des activités bancaires et financières du pays s’y concentrent. Après celle de Londres, la Bourse de Paris est l’une des principales places boursières d’Europe.
L’agglomération parisienne détient le quatrième parc de bureaux du monde (35 millions de m2) et de nombreuses multinationales étrangères y ont installé leur siège européen. Les plus importants quartiers d’affaires de la capitale sont le triangle Bourse - Opéra - Champs-Élysées et le quartier de la Défense.
Le tourisme représente également une activité de premier plan, la région parisienne accueillant plus de 30 millions de touristes chaque année, ce qui en fait la première région touristique française et européenne.
Paris concentre déjà 45 % des emplois les plus qualifiés en France, soit 811 000 en Ile-de-France (contre seulement 75 000 en région Rhône-Alpes !). L'objectif de Paris est, là aussi, de damer le pion à Londres, dont la fiscalité est bien plus favorable aux cadres étrangers, comme le soulignait encore l'étude, réalisée récemment par le cabinet de conseil Cushman & Wakefield Healey & Baker, intitulée « European Cities Monitor ». Preuve que tous les acteurs sont mobilisés pour défendre la cause de Paris, le gouvernement Raffarin est venu en renfort : conscient du handicap de la France en matière de fiscalité à l'égard des cadres étrangers, le ministre des Finances, Francis Mer, vient d'inscrire dans la loi de finances la possibilité pour les « impatriés » de déduire de leur revenu imposable les coûts de leur expatriation.
Paris cumule tous les atouts 1 - Les sièges des grands groupes ; Paris est le département qui compte le plus de sièges de sociétés étrangères : la ville concentre 26 % des établissements en France et 30 % de leurs emplois. 18 des 40 plus grands groupes français sont situées à Paris, dans le secteur de l'Etoile (Alcatel, Axa, Bouygues, Danone, LVMH, PPR, Carrefour, Lagardère, PSA...) ou à la Défense (Saint-Gobain, Société Générale, Total). Seules 5 ont leur siège social en province (Michelin, Casino...) et deux à l'étranger (Orange, STMicroelectronics). 2 - L'argent du monde entier ; En 2002, Paris a accueilli 141 nouveaux projets d'investissements étrangers, qui ont créé près de 4 000 emplois. Entre 1997 et 1999, la région a accueilli 11 % des projets d'implantation, et 15 % des emplois ainsi créés. En Ile-de-France, une personne sur sept travaille pour un groupe étranger. Parmi eux, 30 % dépendent d'une société américaine et 40 %, d'une société anglaise, hollandaise ou allemande. 3 - Les institutions financières ; Paris accueille les sièges sociaux des principales banques et compagnies d'assurances de France, surtout dans les IIe et VIIIe arrondissements de la capitale, ainsi que dans le quartier d'affaires de la Défense. Paris concentre 45,4 % des emplois français dans l'assurance. 4 - Les géants des médias et de la com ; Tous les grands groupes de presse français et les grandes agences de communication sont domiciliés à Paris ou dans la petite couronne. Tous les grands groupes de presse étrangers ont un bureau ou une antenne dans la capitale. 37 % des journalistes français, soit 13 000 personnes, habitent à Paris, et 60 % en Ile-de-France. 60 % des 4 069 titres de presse vendus en kiosque ont leur siège dans la capitale, et 62 % des recettes du secteur sont réalisées à Paris. 5 - Les commerces de la mode et du luxe ; Paris, capitale du luxe (LVMH, L'Oréal...), concentre dans le « triangle d'or » toutes les boutiques de haute couture des plus grands créateurs. Mais Paris, c'est aussi plus de 59 000 commerces de détail (dont près de 300 ont une surface supérieure à 900 mètres carrés) et 3 000 de gros. Il y a 63 grands magasins, 7 068 commerces alimentaires, 11 000 établissements spécialisés dans l'équipement de la personne et 6 663 dans celui de la maison. 6 - Les foules touristiques ; Paris est la ville la plus visitée au monde, avec plus de 35 millions de touristes par an. Ils logent dans les 73 989 chambres des 1 455 hôtels parisiens. Le secteur emploie 134 100 personnes, soit 15 % de l'emploi touristique national. Paris, c'est aussi la première ville de congrès au monde - 229 s'y sont tenus en 2001 - et la première pour les salons, avec près de 400 manifestations et 8,9 millions de visiteurs. 7 - Les centres du pouvoir politique ; L'Ile-de-France possède plus de 480 000 agents de la fonction publique d'Etat, soit 21 % des effectifs nationaux. La moitié sont enseignants, 12 % travaillent pour le ministère de l'Intérieur ou pour celui des Finances. C'est la seconde région (après la Corse) la plus dotée en fonctionnaires d'Etat avec 44 agents publics pour 1 000 habitants, contre 38 pour l'ensemble de la France. Il n'y a en revanche, pour un total de 11 millions d'habitants, que 1 100 fonctionnaires régionaux. 8 - Les sites culturels ; Paris, c'est 149 musées, 30 monuments d'intérêt international, 145 théâtres, 3 opéras, 96 cabarets et 205 cafés- concerts. Sur les 25 sites les plus visités en France (sauf Versailles), les six premiers sont dans la capitale : la tour Eiffel, le musée du Louvre, le Centre Pompidou, la Cité des sciences de la Villette, le musée d'Orsay et l'Arc de triomphe. Disneyland-Paris est le premier parc de loisirs européen et a accueilli, en 2002, 13,1 millions de visiteurs.
Les transports assurent encore davantage la suprématie de la capitale, grâce à des équipements très modernes. Les aéroports parisiens assurent les trois quarts du trafic passager aéroportuaire et 70 p. 100 du fret aérien français. Deux grands aéroports internationaux (Orly et Roissy – Charles-de-Gaulle) et un aéroport d’affaires (Le Bourget) desservent l’agglomération parisienne, avec un trafic passager annuel de plus de 45 millions de voyageurs (2e rang européen). La construction d’un troisième aéroport international est aujourd’hui à l’étude.
Paris est également au centre du réseau routier et ferroviaire national (« réseau en étoile »). Toutefois, de nouveaux tronçons autoroutiers et des gares d’interconnexion TGV permettent désormais de contourner la capitale. Six gares desservent le centre de la ville : la gare de Lyon (TGV Sud), la gare d’Austerlitz, la gare de l’Est, la gare du Nord (Eurostar), la gare Saint-Lazare et la gare Montparnasse (TGV Atlantique).
La répartition déséquilibrée des emplois provoque quotidiennement de très importantes migrations pendulaires, à l’origine de graves problèmes de circulation (sursaturation du réseau routier aux heures de pointe), de stationnement et de pollution. Une partie des déplacements quotidiens sont assurés toutefois par un réseau de transports en commun très moderne, sans doute l’un des plus denses du monde : autobus, métropolitain, trains de banlieue, Réseau express régional (RER). Celui-ci est le monopole de la Régie autonome des transports parisiens (RATP) et de la SNCF, qui sont des services publics. Il est en constante évolution : extension des lignes de grandes banlieues, nouvelle ligne RER EOLE (Est-Ouest-Liaison-Express), etc. Enfin, la navigation fluviale sur la Seine est importante, surtout en aval de la capitale (Basse-Seine), Paris étant le premier port fluvial français (port de Gennevilliers) et le troisième port de France par son trafic (après Marseille et Le Havre).
Corbis/Paul Almasy Guimard (Hector), Entrée d’une station de métro Le premier métropolitain de Paris, aujourd’hui la ligne 1 (Château de Vincennes-Grande Arche de la Défense), fut mis en service en juillet 1900. Conçus entre autres par l’architecte Hector Guimard, les entrées et édicules du métro parisien se caractérisaient alors par leur style Art nouveau (ou Modern Style), mélant la fonte moulée, le fer et le verre. Paris est aujourd’hui dotée d’un réseau de transports en commun à la fois dense et moderne : autobus, métropolitain (13 lignes principales), trains de banlieue, réseau express régional (RER). Celui-ci est le monopole de la Régie autonome des transports parisiens (RATP) et de la SNCF, qui sont des services publics.
PNI/Nicholas DeVoreIII/Bruce Coleman Qualité de l’air à Paris À Paris, un réseau de surveillance de soixante-deux stations mesure l’impact des 5 millions de véhicules circulant en Île-de-France. Des procédures ont été mises en place pour diminuer cet impact, les jours de grande chaleur où la pollution atteint un seuil critique, en restreignant le nombre des voitures autorisées à rouler.
Premier quartier d’affaires européen avec la construction d’une pléiade de nouvelles tours à la Défense en 2004 ; capitale mondiale de la recherche en 2005 avec le démarrage d’un accélérateur de particules de nouvelle génération (synchrotron) ; terre d’accueil de la Coupe du monde de rugby en 2007 ; candidate aux jeux Olympiques de 2012... Paris est sur tous les fronts et veut rafler toutes les médailles. Après avoir conquis l’Europe avec son architecture et sa culture, la Ville lumière entre, en ce début de siècle, dans un nouvel âge économique : elle se lance dans une course à la puissance, pour attirer les richesses et les hommes, et pour tenter de devancer demain Londres, Tokyo et même New York. Le budget du dernier contrat de plan entre l’Etat et la région Ile-de-France a ainsi pratiquement doublé, pour atteindre les 10 milliards d’euros, avec une priorité donnée aux transports. « Renforcer Paris, c’est renforcer la France dans la compétitivité européenne », insiste l’ancien ministre de l’Economie Christian Sautter, aujourd’hui bras droit de Bertrand Delanoë, chargé des finances à la mairie de Paris. La capitale est plus que jamais une tête de pont pour les investissements étrangers, et une locomotive pour l’économie française. Les chefs d’entreprise ne s’y sont pas trompés et beaucoup donnent désormais de leur temps et de leur argent pour « faire gagner Paris ». Une mobilisation générale a été décrétée. Les cinq chambres départementales et la chambre régionale de commerce et d’industrie, ainsi que l’association Paris-Ile-de-France capitale économique – le lobby présidé par Thierry Jacquillat, par ailleurs vice-président de Pernod-Ricard – chassent les investisseurs en meute et activent tous leurs réseaux d’affaires, avec un objectif affiché : faire de Paris la capitale économique de l’Europe d’ici à 2008. Donc devant Londres, réputée pour sa puissante place financière et le niveau très attractif de sa fiscalité... Les premiers résultats ne se sont pas fait attendre. En mai 2003, Delphi, un des tout premiers équipementiers automobiles du monde, a annoncé le regroupement de son siège européen en Seine-Saint-Denis. Avec 850 emplois à la clef. Toujours en mai, Altis Semi-Conducteurs a décidé d’investir 170 millions d’euros à Corbeil-Essonnes. 150 emplois de plus. « C’est la première fois que la région se lance dans le marketing territorial, et notre rôle est de vendre l’Ile-de-France au reste du monde », explique Régis Baudouin, le directeur général de l’ARD. Symbole de la puissance économique de Paris, le quartier d’affaires de la Défense, créé en 1958 par le général de Gaulle, est redevenu un grand chantier. Trois nouvelles tours sont déjà en construction – Palatin, CBX et Défense Plaza – et une quatrième, nommée Exaltis, le sera dans quelques semaines. Au total, ce sont 124 000 mètres carrés de bureaux mis en chantier, en plus des 3 millions déjà disponibles ! Enfin, d’autres tours en profitent pour faire leur lifting, comme la « PB12 » et la « CB16 » ou la tour Nobel, totalement réhabilitée. Les étrangers sont les premiers à se fixer à la Défense, mais ils essaiment aussi dans toute la région. Entre 1993 et 2001, l’Ile-de-France a attiré 13 % des investissements étrangers en France. Elle se situe ainsi à la troisième place des destinations européennes, derrière le Grand Londres et la Catalogne. Mais, pour Paris, la nouvelle étape passe d’abord par la montée en puissance d’un pôle de recherche de qualité mondiale. C’est ce domaine prioritaire qui attire aujourd’hui l’argent et les savoir-faire. Message reçu du côté du conseil régional : le budget de la recherche a été multiplié par quinze en quelques années, pour atteindre près de 500 millions d’euros dans le dernier contrat de plan Etat-région. L’Ile-de-France concentre déjà 45 % des effectifs nationaux de la recherche privée, et 39 % de la recherche publique. Avec, en tête, l’Essonne. Dans une enquête réalisée par le Medef-Paris, et publiée en décembre, les chefs d’entreprise pointent trois handicaps majeurs : un coût du travail trop élevé, des prix de l’immobilier exorbitants (même très inférieurs à ceux de Londres – 10 560 euros le mètre carré de bureau parisien, contre 12 021 -, ils poussent certaines entreprises, notamment des PME, à s’éloigner de Paris) et enfin la congestion des transports. Les élections régionales de mars prochain se joueront d’ailleurs sur la capacité des candidats à s’emparer de ces thèmes et à trouver des solutions innovantes. Les élus devront aussi plaider au-delà de l’Ile-de-France et convaincre l’ensemble des Français du rôle de locomotive économique de Paris. Comme le montre de manière spectaculaire notre sondage, la tâche sera rude. En effet, 78 % des Français estiment que « Paris concentre trop de pouvoirs » et 65 %, que « l’Etat favorise trop la capitale » !
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